Rien de vital somme toute. Oui, rien de vital.

Les mains dans les poches, les pieds qui trainent, la poussière dans les yeux à ne plus rien y voir...
Pourquoi t'as laissé tomber, pourquoi?
Pourquoi ce regard triste et ce chapeau sous le bras? Et les parapluies noirs, d'où viennent-ils?
Ne me dis pas que c'est pour faire joli, je ne te croirais pas.
Je voulais que tu sois fort, juste une fois. Je voulais que tu te battes avec la rage du desespoir, que tu te raccroches à toutes les branches solides qu'il restait.

A croire que tu t'es accroché à un arbre mort.

C'était chouette.
Et plus qu'un peu même.
C'était chouette parce que la première partie m'a complètement explosé le tympan droit. Et le chanteur avait les plus beaux avants bras que nous n'avions jamais vu.
Les quelques personnes devant nous étaient encore plus petites que nous (ce qui est difficile au passage).
Et surtout, le monsieur de la batterie m'a écrit "Je t'aime aussi" sur un bout de papier jaune (ou un poster si vous préférez). Et le guitariste m'a déssiné un trampoline absolument magnifique, tellement bien fait qu'on dirait de l'art abstrait.

Et le chanteur n'avait plus de pantalon à la fin.

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Tu marchais, tu errais, perdu au milieu de l'immensité. Tu étais comme tous ces pommés, qui ne comprennent plus la vie, qui ne donnent plus de sens à la vie.
Alors tu marchais, la clope au bec, les mains dans les poches. Tu ne savais pas où tu allais mais tu ne l'as jamais su de toute manière. Tes yeux étaient rouges, dans cet autre monde que tu t'étais construit. C'est pas ce que "les autres" disaient mais peu importe.

T'étais pas un drogué, juste un rêveur. Tu ne te bousillais pas la vie, tu te la réinventais. Tu avais juste choisi ta manière de t'évader, on pouvait dire ce qu'on voulait tu ne changerais pas d'avis. Tout paraissait plus simple après une bouffée de cet air si particulier. Tu étais alors plus lucide que jamais, capable de dire les choses les plus belles que je n'ai jamais entendues.

J'aurais tellement préféré que tu les dises autrement.
T'es con parfois.

C'est comme un mauvais rêve qui prendrais le pas sur la réalité.
Au départ, tu n'y crois pas, tu refuses l'évidence et tentes de penser à autre chose.
Seulement voila, tu n'as jamais été douée pour ça, tu le sais bien. Et tu sais aussi que ça ne sert à rien de feindre l'endormissement.
Tout cela tu le sais, mais tu sais si bien faire la sourde quand tu t'y mets.
Alors tu te métamorphoses en loque humaine, petit à petit. Tu sais, quand je te vois comme ça j'ai envie de te secouer, de te crier dans les oreilles que t'es bête, mais bête.
Mais je ne le fais pas. Pourquoi? Parce que je comprend malgré tout. Je sais que plus le réveil sera long, plus il sera brutal mais il sera brutal quoi qu'il arrive alors autant repousser l'échéance.

Je te regarde sombrer, chaque jour un peu plus. Je te contemple, tu es presque belle au milieu de tout cela. Je ne t'admire pas, non, je te respecte et c'est tout.

C'est tout.